Nuées obscures.

Démons bleus nuit de l’Atlantique
Enflent les voix aux flux tendus
Des vents hurlant le fantastique
Concert des oiseaux éperdus.

Les vagues en dos de baleine
Frappent les flancs ivres de bruit,
La mer a la mauvaise haleine
De ce pétrole dans la nuit.

Les nuées aux lueurs livides
Déversent leurs pesants fardeaux
Sur cette tour aux pontons vides
Qui voulait dominer les eaux.

Un goéland , trop las, incline
Son corps rendu visqueux et noir ;
Il ne rejoindra plus la colline
Pour lui il n’y a plus d’espoir.

Des tortues et macareux flottent
Sur cette nappe de flots durs ;
Sur la côte un enfant sanglote
Tant l’avenir paraît obscur !


C’est ce mépris qui nous gouverne
En ne jetant pas un regard
Sur la nature mise en berne
Inféodée au Dieu dollar

L’homme a vendu jusqu’à son âme
Quand La terre vomit son sang.
Et de l’eau jaillit une flamme
De ce flot noir s’élargissant.

Le miséreux qui la travaille
En s’enfonçant dans ses parois
N’est plus rien que fétus de paille
Pour les nantis qui font les lois.

Quand l’océan soudain se voile
De cette nappe de l’enfer
Vous ne retrouvez plus l’étoile
Qui guide le marin en mer

Car le nuage qui empeste
Porté par les vents audacieux
Atteint la côte et il ne reste
Plus une larme dans les yeux