Savoir ce que la vie...

J’avais un vers ancien qui me traînait dans la tête, alors en le prenant pour départ, j’ai écrit le premier poème.
Puis , j’ai retrouvé celui qui m'était venu sur le même sujet il y a une quarantaine d’années, c’est le second…
On change, faut le reconnaître !


le poème écrit ce matin :

Savoir ce que la vie a, caché dans son ventre,
Savoir pourquoi l’on vit,
Savoir ce que nous sommes ?
Le lui faire avouer, à cette sotte vie,
Pourquoi nous sommes là, tout geignards et tout nus ?

Non la vie n’est pas gaie
Cependant lorsqu’à l’heure
De lui dire un adieu, il faut prévoir « l’ailleurs »,
On craint de la quitter pour ce monde meilleur !

Qu’est-ce qui nous accroche à ce petit instant
Où, d’un atome nu
À un vieux cacochyme,
Nous supportons malheurs, et peines, et frustrations
Et critiquons la vie, celle qui nous maltraite ?

Serait-ce que parfois, au milieu des angoisses
Un moment de bonheur
Réchauffe nos carcasses ?
Serait-ce ce bonheur qui à peine entrevu
Déjà s’en est allé,
Pour lequel, pauvres niais, nous adorons la vie ?

Mais oui, c’est cet espoir du bonheur à venir
Que nous voulons garder
Au fond de notre ventre.
« L’espoir, ce sale espoir » nous disait Antigone*,
Celui qu’il faut quitter au bout du dernier soir !

Alors, j’aime la vie et ne vois dans son ventre
Rien de ce que j’ai dit,
La vie est belle est bonne.
Tant qu’elle veut de moi, je reste un homme heureux
Et pourtant je la vois qui s’en va, subreptice…

Savoir je ne veux plus !
Je veux tout ignorer,
Rêver d’être éternel
Dans l’ignorance crasse.
Je veux rêver demain plus joli qu’aujourd’hui.
Je veux être un humain… Quand au reste ? Tant pis !

* dans "l'Antigone" de Roger ANOUILH.



Et le premier, écrit il y a... longtemps :


Savoir ce que la vie a caché dans son ventre
Le lui faire cracher
Et qu'elle dise, enfin!
Pourquoi nous sommes nés.

Savoir ce que les mots dont on use, traduisent
Voir s'ils se sont usés
Leur faire dire, enfin!
Nos haines, nos pensées.

Savoir avant la fin
Si simplement nous sommes
Des plumes ballottées
Par on ne sait quel vent
Ou si, battus, blessés
Mais toujours survivants
Et bousculant les dieux
Nous sommes bien des hommes.

Vivre et savoir pourquoi,
Vivre et savoir comment
Et devant son miroir
Au bout du dernier soir
Ne pas baisser les yeux
Devant un triste con.

Savoir ce que la vie a craché sur nos ventres,
Le lui faire avouer
Puis sur un pied-de-nez,
La laisser seule, là...

Et partir en chantant !!!


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J'aime les deux version de "savoir ce que la vie"... l'une et l'autre sont à méditer sur l'imagination, quand un vers vous trottine dans la tête... ... même un jour sur l'autre l'imagination avec un vers et un seul, s'en va piocher dans les images... alors avec des années d'écart ...

La vie nous transforme mais rien ne transforme la vie, elle suit son cours, et nous entrons en elle comme dans un cinéma permanent alors que la séance est déjà commencée depuis longtemps et nous en sortons sans connaître la fin du film...
Comme tu vois ton poème et sa parenthèse de trente ans remue en nous bien des réflexions qui vont affleurer encore longtemps et auxquelles personne ne peut répondre car si l'on est là à le dire c'est qu'on a pas encore écrit le mot "fin"

BIsous l'ami...j'ai beaucoup aimé ta poésie intimiste. Tu nous ouvres ainsi les portes en grand de tes ressentis.