Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
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Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Jamila venait à ma rencontre et je découvrais sa silhouette fine, et son teint épicé presque doré. Je ne l’avais vue qu’en photo, sur un site où nous échangions depuis longtemps des textes poétiques et qui peu à peu nous ont rapprochés comme si nous nous connaissions depuis longtemps.
Le verbe et le mot
Clés d’or d’un esprit ouvert
Portes du partage.
Dans nos nuits d’insomnie, à des kilomètres loin l’une de l’autre nous reculions les heures du matin s’éclaircissant. Je savais d’elle ce qu’elle-même n’avait jamais raconté à personne et elle savait de moi les doutes et les peurs qui m’assaillaient devant la fuite du temps.
Famille de cœur
Fraternité sans dilemme
Ma moitié d’orange.
La vie s’arrêtait à cet instant douloureux où le corps abandonne l’idée de son immortalité. Je n’avais jamais pensé que la mort pouvait venir si vite...si tôt, comme une voleuse.
Partage d’idées
Silences remplis d’amour
L’amitié se brode
Jamila m’envoyait des dattes et des pâtisseries confectionnées pour moi ainsi que des poudres au pouvoir magique que je brûlais dans une coupelle qu’elle m’avait envoyé à cet effet.
L’odeur d’encens se répandait dans la pièce et c’était comme si la présence de mon amie se matérialisait dans cette chambre, en gommant les odeurs de tisanes insipides que l’on m’apportait avec mes cachets.
Volutes blanchâtres
Tourbillonnantes senteurs
Vapeurs enivrantes.
Guéris vite ma sœur, m’écrivait-elle. Guéris vite pour que je puisse te montrer les dunes se griffant sous le vent, les oueds de mon enfance, les palmeraies miraculeusement vertes dans un paysage lunaire. Guéris vite car ce que je t’ai écrit est moins beau que ce que tu vas voir. La mer et la plage à l’infini d’Agadir, les rues de Marrakech, sa casbah, où là on s’achètera la même tenue traditionnelle le jour de mon mariage.
Rêver yeux ouverts
Soieries, bijoux ciselés
Parfums d’orient
Et j’imaginais, yeux fermés, que les arbres noirs que je voyais de la chambre d’hôpital, en ce mois de février, se changeaient en palmiers aux lourdes grappes orange. Palais des mille et une nuits, légendes orientales, Le rêve prenait corps, et je m’évadais de cette vie au rabais.
Roses et Jasmins
Fragrances printanières
Je les percevais
Puis les mois passèrent. Jamila était toujours là, fidèle, à nos rendez-vous nocturnes. Mes chimios s’espaçaient et je voyais déjà un duvet frisottant coloniser mon crâne... Belle était la vie qui revenait dans mon corps. Et pourtant, pourtant, je me retrouvais seule. Mon mari n’avait pas supporté cette épreuve et avait refait sa vie, loin de moi. J’en éprouvais presqu’une délivrance. J’allais pouvoir enfin exister pour moi-même !
Projets enfantins
Peindre, écrire, voyager
Liberté enfin.
Pouvoir de la maladie pour faire sauter les vieilles structures aliénantes, je découvrais vraiment la beauté de la vie et l’inutilité des choses superflues. L’amitié de Jamila m’avait soutenue et je puis dire qu’elle a été la première à m’encourager à révéler ce que je gardais en moi depuis longtemps. Je me souviens de la première fois où elle m’avait envoyé ce cahier recouvert de cuir repoussé où s’inscrivaient mes initiales. Les pages rose saumon avaient cette couleur douce que j’affectionne particulièrement. Jamila m’avait écrit d’y inscrire tout ce qui me passerait par la tête.
C’est là que j’y inscrivis ma devise :
Se soumettre sans se démettre, et au fil du temps, le cacher s’est rempli de mes croquis et mes premiers poèmes malhabiles.
Septembre doré
Jamila m’attend là-bas
C’est bientôt ses noces.
à suivre.
Le verbe et le mot
Clés d’or d’un esprit ouvert
Portes du partage.
Dans nos nuits d’insomnie, à des kilomètres loin l’une de l’autre nous reculions les heures du matin s’éclaircissant. Je savais d’elle ce qu’elle-même n’avait jamais raconté à personne et elle savait de moi les doutes et les peurs qui m’assaillaient devant la fuite du temps.
Famille de cœur
Fraternité sans dilemme
Ma moitié d’orange.
La vie s’arrêtait à cet instant douloureux où le corps abandonne l’idée de son immortalité. Je n’avais jamais pensé que la mort pouvait venir si vite...si tôt, comme une voleuse.
Partage d’idées
Silences remplis d’amour
L’amitié se brode
Jamila m’envoyait des dattes et des pâtisseries confectionnées pour moi ainsi que des poudres au pouvoir magique que je brûlais dans une coupelle qu’elle m’avait envoyé à cet effet.
L’odeur d’encens se répandait dans la pièce et c’était comme si la présence de mon amie se matérialisait dans cette chambre, en gommant les odeurs de tisanes insipides que l’on m’apportait avec mes cachets.
Volutes blanchâtres
Tourbillonnantes senteurs
Vapeurs enivrantes.
Guéris vite ma sœur, m’écrivait-elle. Guéris vite pour que je puisse te montrer les dunes se griffant sous le vent, les oueds de mon enfance, les palmeraies miraculeusement vertes dans un paysage lunaire. Guéris vite car ce que je t’ai écrit est moins beau que ce que tu vas voir. La mer et la plage à l’infini d’Agadir, les rues de Marrakech, sa casbah, où là on s’achètera la même tenue traditionnelle le jour de mon mariage.
Rêver yeux ouverts
Soieries, bijoux ciselés
Parfums d’orient
Et j’imaginais, yeux fermés, que les arbres noirs que je voyais de la chambre d’hôpital, en ce mois de février, se changeaient en palmiers aux lourdes grappes orange. Palais des mille et une nuits, légendes orientales, Le rêve prenait corps, et je m’évadais de cette vie au rabais.
Roses et Jasmins
Fragrances printanières
Je les percevais
Puis les mois passèrent. Jamila était toujours là, fidèle, à nos rendez-vous nocturnes. Mes chimios s’espaçaient et je voyais déjà un duvet frisottant coloniser mon crâne... Belle était la vie qui revenait dans mon corps. Et pourtant, pourtant, je me retrouvais seule. Mon mari n’avait pas supporté cette épreuve et avait refait sa vie, loin de moi. J’en éprouvais presqu’une délivrance. J’allais pouvoir enfin exister pour moi-même !
Projets enfantins
Peindre, écrire, voyager
Liberté enfin.
Pouvoir de la maladie pour faire sauter les vieilles structures aliénantes, je découvrais vraiment la beauté de la vie et l’inutilité des choses superflues. L’amitié de Jamila m’avait soutenue et je puis dire qu’elle a été la première à m’encourager à révéler ce que je gardais en moi depuis longtemps. Je me souviens de la première fois où elle m’avait envoyé ce cahier recouvert de cuir repoussé où s’inscrivaient mes initiales. Les pages rose saumon avaient cette couleur douce que j’affectionne particulièrement. Jamila m’avait écrit d’y inscrire tout ce qui me passerait par la tête.
C’est là que j’y inscrivis ma devise :
Se soumettre sans se démettre, et au fil du temps, le cacher s’est rempli de mes croquis et mes premiers poèmes malhabiles.
Septembre doré
Jamila m’attend là-bas
C’est bientôt ses noces.
à suivre.
Dernière édition par TITEFEE le Jeu 10 Nov 2011, 17:49, édité 1 fois
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
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delcau roinos- Nombre de messages : 7834
Age : 73
Localisation : Pas là où je devrais être !
Date d'inscription : 11/04/2009
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
L'aéroport est bondé de vacanciers venus profiter de la plage et des curiosités que leur offre ce pays si hospitalier. Je suis là, dans ce hall, ma valise entre les jambes, à guetter parmi tous ces visages, celui de ma soeur.
Un brin de jasmin
Mains ouvertes en offrande
Je vois Jamila.
Elle est encore plus belle que sur ses photos, avec ce regard noir et brillant, son sourire éclatant et ce foulard rose fuchsia noué autour de sa tête. Elle est bien plus grande que moi, qui la croyait petite . En fait je trouve une jeune-fille élancée à la démarche glissée, féline. Elle n'arbore pas, comme je m'y étais attendue, la tenue traditionnelle. Son petit tailleur de blanc écru, ceinturé de cuir de la même couleur que ce foulard fuchsia, noué gracieusement, fait paraître sa peau encore plus dorée.
Surprenant sourire
Sur des dents de porcelaine
Prunelles réglisse
Jamila me tend le bouquet de jasmin et me regarde en se reculant pour me tenir à bout de bras. Comment vas tu Clairette ? Je suis si heureuse que tu sois là ! Je te réserve une surprise qui j'espère te plaira.
Joyeuse rencontre
Comme un retour attendu
Au pays d'enfance.
J'ai l'impression de tout connaître. Les odeurs et même cette route bordée de lauriers rose et de ronds-points fleuris nous emmenant vers Agadir me sont familières . Et moi qui n'a jamais mis le pied sur ce sol, les yeux fermés, je sens ces effluves qui chatouillèrent mes narines d'enfant méditerranéenne...la mer ! je vais la découvrir bientôt. Elle seule n'a pas changé, elle s'étale en rond, mangée par une plage immense...sous un soleil de plomb. Mais la ville n'a plus pour moi cette image de ville berbère d'avant le tremblement de terre. Une colline blanche atteste de ce cataclysme avec l'inscription : « dieu, le roi, la patrie » inscrite sur son flanc, et domine la vallée où s'élèvent des complexes hôteliers à l'architecture moderne, ou mauresque.
Où donc est passé
Cette cité de mes rêves
L'image s'estompe.
Tu es déçue Clairette ? Je le vois bien...mais attends, je te réserve une surprise . En fait je n'habite pas à Agadir, mais dans un endroit que j'aurai beaucoup de mal à quitter. C'est cet endroit que je veux te faire connaître. Ouvres grands tes yeux, et quittons Agadir qui a perdu sa beauté d'antan, depuis le grand malheur qui a enseveli quinze mille de ses âmes.
Nous logeons la côte
Sites à couper le souffle,
Essaouira !
Deux heures et demi de voyage, par cette sinueuse voie, longeant la plage immense, et Jamila qui me conte l'histoire de ces contrées qui sont restées telles qu'elle les as toujours connues.
Je suis éblouie
Gommé l'étau de fatigue
Je revis enfin.
...à suivre
Un brin de jasmin
Mains ouvertes en offrande
Je vois Jamila.
Elle est encore plus belle que sur ses photos, avec ce regard noir et brillant, son sourire éclatant et ce foulard rose fuchsia noué autour de sa tête. Elle est bien plus grande que moi, qui la croyait petite . En fait je trouve une jeune-fille élancée à la démarche glissée, féline. Elle n'arbore pas, comme je m'y étais attendue, la tenue traditionnelle. Son petit tailleur de blanc écru, ceinturé de cuir de la même couleur que ce foulard fuchsia, noué gracieusement, fait paraître sa peau encore plus dorée.
Surprenant sourire
Sur des dents de porcelaine
Prunelles réglisse
Jamila me tend le bouquet de jasmin et me regarde en se reculant pour me tenir à bout de bras. Comment vas tu Clairette ? Je suis si heureuse que tu sois là ! Je te réserve une surprise qui j'espère te plaira.
Joyeuse rencontre
Comme un retour attendu
Au pays d'enfance.
J'ai l'impression de tout connaître. Les odeurs et même cette route bordée de lauriers rose et de ronds-points fleuris nous emmenant vers Agadir me sont familières . Et moi qui n'a jamais mis le pied sur ce sol, les yeux fermés, je sens ces effluves qui chatouillèrent mes narines d'enfant méditerranéenne...la mer ! je vais la découvrir bientôt. Elle seule n'a pas changé, elle s'étale en rond, mangée par une plage immense...sous un soleil de plomb. Mais la ville n'a plus pour moi cette image de ville berbère d'avant le tremblement de terre. Une colline blanche atteste de ce cataclysme avec l'inscription : « dieu, le roi, la patrie » inscrite sur son flanc, et domine la vallée où s'élèvent des complexes hôteliers à l'architecture moderne, ou mauresque.
Où donc est passé
Cette cité de mes rêves
L'image s'estompe.
Tu es déçue Clairette ? Je le vois bien...mais attends, je te réserve une surprise . En fait je n'habite pas à Agadir, mais dans un endroit que j'aurai beaucoup de mal à quitter. C'est cet endroit que je veux te faire connaître. Ouvres grands tes yeux, et quittons Agadir qui a perdu sa beauté d'antan, depuis le grand malheur qui a enseveli quinze mille de ses âmes.
Nous logeons la côte
Sites à couper le souffle,
Essaouira !
Deux heures et demi de voyage, par cette sinueuse voie, longeant la plage immense, et Jamila qui me conte l'histoire de ces contrées qui sont restées telles qu'elle les as toujours connues.
Je suis éblouie
Gommé l'étau de fatigue
Je revis enfin.
...à suivre
Dernière édition par TITEFEE le Jeu 10 Nov 2011, 17:38, édité 1 fois
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Mon voyage se passe bien ....en lecture
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
Age : 73
Localisation : Pas là où je devrais être !
Date d'inscription : 11/04/2009
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Suite 3
J'aperçois à présent, se dessinant face à la mer, الصويرة la ville blanche entourée de remparts ; je comprends maintenant pourquoi elle possède ce nom de « bien dessinée », car tout est harmonieux dans cette vision. Me revient à l'esprit aussi le nom sous laquelle je la connaissais sans savoir qu'il s'agissait d'Essaouira. Mogador ! Ce nom aussi m'avait fait jadis rêver.
licence Creative Commons Paternité 3.0 Unported
Cris des cormorans
Tournoyants dans un ciel bleu
La mer s'offre à nous.
Et dire que je croyais que Jamila habitait dans un village ! Elle me parlait tant de sa bulle d'enfance, de sa rue, de ses voisins, que je croyais qu'elle connaissait tout le monde. Je riais de ma bévue.
Tout au fond de nous
Chaque rue est un village
Gravé de nos pas.
Je sens cette odeur iodée transportée par le vent qui souffle de la mer en ébouriffant mes cheveux. Mes bouclettes nouvelles ont quelques centimètres seulement et elles sont mousseuses comme des cheveux d'enfants. J'aime sentir sur ma peau ce souffle qui rend moins chaud le soleil ardent.
Les sourds battements
Du sang courant dans mes veines
Retour de la vie.
Jamila gare sa voiture et nous allons à pieds jusqu'à la corniche voir le port en pleine effervescence. Damier dansant sur l'eau des barques bleues, flottilles de pèche survolée par des oiseaux criards, filets séchant à même le dallage du port, offrent un spectacle dont je ne me lasse pas.
Faisans.jeanluc at fr.wikipedia
Effluves marins
Puanteur des poissons morts
Séchant au soleil
Tout ceci me ramène au petit port du Cros-de-Cagnes, où j'accompagnais Marius mon père, mettre son modeste youyou à l'eau...Mêmes exhalaisons, vision de ces petits crabes bruns grouillants et des reflets argentés des poissons en bancs serrés. Jamila et moi avons dans nos mémoires les mêmes odeurs d'épices et de saumure.
Peuples conquérants
Bourlingueurs d'au-delà des mers
Étrange héritage.
Ce papillon bleu, bleuissant le bas du dos des enfants de ma famille, est l'empreinte sarrasine qui a traversé le temps et les âges. Voilà sans doute ce qui, inconsciemment, me fait me rapprocher fraternellement de la douce Jamila, qui doit véhiculer elle aussi ce patrimoine ancestral, du au brassage des populations venues de Rome et de Carthage ayant aussi colonisé mes côtes méditerranéennes.
J'aperçois à présent, se dessinant face à la mer, الصويرة la ville blanche entourée de remparts ; je comprends maintenant pourquoi elle possède ce nom de « bien dessinée », car tout est harmonieux dans cette vision. Me revient à l'esprit aussi le nom sous laquelle je la connaissais sans savoir qu'il s'agissait d'Essaouira. Mogador ! Ce nom aussi m'avait fait jadis rêver.
licence Creative Commons Paternité 3.0 Unported
Cris des cormorans
Tournoyants dans un ciel bleu
La mer s'offre à nous.
Et dire que je croyais que Jamila habitait dans un village ! Elle me parlait tant de sa bulle d'enfance, de sa rue, de ses voisins, que je croyais qu'elle connaissait tout le monde. Je riais de ma bévue.
Tout au fond de nous
Chaque rue est un village
Gravé de nos pas.
Je sens cette odeur iodée transportée par le vent qui souffle de la mer en ébouriffant mes cheveux. Mes bouclettes nouvelles ont quelques centimètres seulement et elles sont mousseuses comme des cheveux d'enfants. J'aime sentir sur ma peau ce souffle qui rend moins chaud le soleil ardent.
Les sourds battements
Du sang courant dans mes veines
Retour de la vie.
Jamila gare sa voiture et nous allons à pieds jusqu'à la corniche voir le port en pleine effervescence. Damier dansant sur l'eau des barques bleues, flottilles de pèche survolée par des oiseaux criards, filets séchant à même le dallage du port, offrent un spectacle dont je ne me lasse pas.
Faisans.jeanluc at fr.wikipedia
Effluves marins
Puanteur des poissons morts
Séchant au soleil
Tout ceci me ramène au petit port du Cros-de-Cagnes, où j'accompagnais Marius mon père, mettre son modeste youyou à l'eau...Mêmes exhalaisons, vision de ces petits crabes bruns grouillants et des reflets argentés des poissons en bancs serrés. Jamila et moi avons dans nos mémoires les mêmes odeurs d'épices et de saumure.
Peuples conquérants
Bourlingueurs d'au-delà des mers
Étrange héritage.
Ce papillon bleu, bleuissant le bas du dos des enfants de ma famille, est l'empreinte sarrasine qui a traversé le temps et les âges. Voilà sans doute ce qui, inconsciemment, me fait me rapprocher fraternellement de la douce Jamila, qui doit véhiculer elle aussi ce patrimoine ancestral, du au brassage des populations venues de Rome et de Carthage ayant aussi colonisé mes côtes méditerranéennes.
Dernière édition par TITEFEE le Jeu 10 Nov 2011, 17:53, édité 2 fois
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
En voilà un récit voyageur qui est poétiquement travaillé pour le plaisir du lecteur...
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Fort agréable lecture en plus j'adore cette vue d' ensemble de bateaux bleus !!
( Elle est de retour la Nandy !! )
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
Age : 73
Localisation : Pas là où je devrais être !
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Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Suite 4
Des Ilots au loin
Regardent la ville blanche
d'Essaouira
Jamila m'entraîne en me tenant la main vers la porte de la marine à l'entrée du port. Un petit escalier grimpe jusqu'en haut de la squala. Je suis mon hôtesse qui me dit de fermer les yeux.
fracas du ressac
Aiguisés mes sens perçoivent
l'odeur de la mer
Soleil sur ma peau, et vent venant du large m'enveloppent de bien-être. Ma main dans la main de Jamila, j'ai l'impression d'être transportée sur les pierres disjointes du vieux port de mon pays natal.
Ouvre grands tes yeux
Je t'offre la ville blanche
Elle t'attendait.
Un grand œil cerclé de pierres ocres s'ouvre sur la mer et je me sens soudain petite devant
ce spectacle coloré des barques bleues du port, et au loin cette ville d'un blanc immaculé dont une grande place grise marque l'entrée.
Sentiment étrange
D'un vécu comblé d'images
Dormant aux tréfonds
Jamila, tu m'as tant parlé de ta ville que j'ai la sensation d'y avoir déjà vécu. Ce paysage je le connais et pourrais même te dire qu'ici je guettais le retour des bateaux, Jusqu'à la nuit tombée. Je ressens en moi la mortelle attente.
Souvenirs perdus
Dans le dédale des temps
L'âme se souvient
Je sais que tu ne peux me croire, toi la jeune-fille moderne, mais s'ouvrent parfois en moi ces mémoires askhachiques contactées dans mes rêves. J'ai souvent constaté que pendant ma longue maladie, ces songes prenaient plus de force. Mon esprit flottait comme détaché de ma chair. On m'a assuré que c'était l'effet connu lors des réanimations. Mais j'ai gardé présents à ma conscience tous ces voyages.
Sourire complice
Regard comme puits profond
Jamila m'écoute.
En silence nous longeons les remparts fermés par l'imposant bastion du port...le chemin de ronde est défendu par des canons tournés vers la mer ce qui rend la balade fort impressionnante. Je ressens à présent la fatigue peser sur moi d'un seul coup, une Sueur froide et collante dans le dos et sur mon front m'envahit. Jamila s'aperçoit de mon trouble, et s'en veut tout à la joie de notre rencontre, de ne pas s'être arrêtée pour déguster ensemble quelques pâtisseries en chemin. Je la rassure en lui affirmant que ces petits coups de pompe sont nombreux chez moi et sans conséquence.
L’élasticité
D'un bonheur niant le temps
Abolit les heures.
Des Ilots au loin
Regardent la ville blanche
d'Essaouira
Jamila m'entraîne en me tenant la main vers la porte de la marine à l'entrée du port. Un petit escalier grimpe jusqu'en haut de la squala. Je suis mon hôtesse qui me dit de fermer les yeux.
fracas du ressac
Aiguisés mes sens perçoivent
l'odeur de la mer
Soleil sur ma peau, et vent venant du large m'enveloppent de bien-être. Ma main dans la main de Jamila, j'ai l'impression d'être transportée sur les pierres disjointes du vieux port de mon pays natal.
Ouvre grands tes yeux
Je t'offre la ville blanche
Elle t'attendait.
Un grand œil cerclé de pierres ocres s'ouvre sur la mer et je me sens soudain petite devant
ce spectacle coloré des barques bleues du port, et au loin cette ville d'un blanc immaculé dont une grande place grise marque l'entrée.
Sentiment étrange
D'un vécu comblé d'images
Dormant aux tréfonds
Jamila, tu m'as tant parlé de ta ville que j'ai la sensation d'y avoir déjà vécu. Ce paysage je le connais et pourrais même te dire qu'ici je guettais le retour des bateaux, Jusqu'à la nuit tombée. Je ressens en moi la mortelle attente.
Souvenirs perdus
Dans le dédale des temps
L'âme se souvient
Je sais que tu ne peux me croire, toi la jeune-fille moderne, mais s'ouvrent parfois en moi ces mémoires askhachiques contactées dans mes rêves. J'ai souvent constaté que pendant ma longue maladie, ces songes prenaient plus de force. Mon esprit flottait comme détaché de ma chair. On m'a assuré que c'était l'effet connu lors des réanimations. Mais j'ai gardé présents à ma conscience tous ces voyages.
Sourire complice
Regard comme puits profond
Jamila m'écoute.
En silence nous longeons les remparts fermés par l'imposant bastion du port...le chemin de ronde est défendu par des canons tournés vers la mer ce qui rend la balade fort impressionnante. Je ressens à présent la fatigue peser sur moi d'un seul coup, une Sueur froide et collante dans le dos et sur mon front m'envahit. Jamila s'aperçoit de mon trouble, et s'en veut tout à la joie de notre rencontre, de ne pas s'être arrêtée pour déguster ensemble quelques pâtisseries en chemin. Je la rassure en lui affirmant que ces petits coups de pompe sont nombreux chez moi et sans conséquence.
L’élasticité
D'un bonheur niant le temps
Abolit les heures.
Dernière édition par TITEFEE le Jeu 10 Nov 2011, 17:59, édité 1 fois
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
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Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
De plus en envoûtant et passionnant ce voyage !! :okiii:
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
Age : 73
Localisation : Pas là où je devrais être !
Date d'inscription : 11/04/2009
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Titfrêre j'ai apporté quelques corrections à mes hiakus...Merci du partage
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Jamila m'entraîne jusqu'à un petit café sur une grande place. Nous nous installons sous les parasols bleus et blancs, et Jamila commande un café et des pâtisseries au miel et aux amandes et quelques dattes fraiches.
Un Instant douceur
Senteur du café suave
Place au grand soleil
Le temps s'étire et nous conversons comme si nous ne nous étions jamais quittées. Le programme de la semaine sera chargé car Jamila veut tout me montrer. Mais midi vont bientôt sonner et Jamila veut m'emmener vers un lieu unique au Maroc me dit-elle...
ruelles étroites
Échoppes bariolées
tapis et babouches
Les voies exiguës voient se croiser une foule où se côtoient les costumes locaux, et les vêtements occidentaux. Des enfants courent en se poursuivant en riant. J'aime ces odeurs d'épices qui s'exhalent dans l'air surchauffé. Nous arrivons maintenant devant un bâtiment bicolore couleur brique et blanc. Sur sa gauche un porche arrondi jouxté par un palmier s'ouvrant en éventail mène vers une rue dont je ne vois que la clarté à travers l'arc de la porte. La tour est surmontée par une terrasse et sur le devant , vers son sommet une horloge marque presque midi...
Les cloches égrènent
les douze coups de midi
Des pigeons s'envolent
- vois-tu Clairette, c'est la seule église du Maroc qui sonne midi tous les jours. Tu ne pouvais rater cela n'est-ce-pas ? Et maintenant rejoignons la voiture car on nous attend. Tu te reposeras dans l'après-midi, et après ta sieste je t'emmène au hammam.
Pincement au cœur
Honte du corps amaigri
De mes cicatrices.
Mais je ne veux décevoir mon hôtesse pour ce qu'elle pense être pour moi le summum du bien-être. J'explique quand même que j'ai encore du mal à me voir dénudée. Elle se met à rire et raconte avec un humour irrésistible tous les corps depuis les replets jusqu'aux maigrichons qui passent entre les mains de Mamadina...Cette femme a les mains les plus douées qu'il soit....et l'huile d'argan rendra ma peau lisse comme de la soie.
Laisser de côté
Peurs et tabous inutiles
Comment résister ?
Alors j'abandonne toutes mes angoisses et mes fausses pudeurs. Finalement ce corps a résisté et il a le droit maintenant de profiter de la douceur experte des mains de mamadina, afin que j'accepte de n'être pas cette chair aux multiples cicatrices, mais simplement un être qui a remporté une sacrée victoire et qui veut vivre et non survivre.
Un Instant douceur
Senteur du café suave
Place au grand soleil
Le temps s'étire et nous conversons comme si nous ne nous étions jamais quittées. Le programme de la semaine sera chargé car Jamila veut tout me montrer. Mais midi vont bientôt sonner et Jamila veut m'emmener vers un lieu unique au Maroc me dit-elle...
ruelles étroites
Échoppes bariolées
tapis et babouches
Les voies exiguës voient se croiser une foule où se côtoient les costumes locaux, et les vêtements occidentaux. Des enfants courent en se poursuivant en riant. J'aime ces odeurs d'épices qui s'exhalent dans l'air surchauffé. Nous arrivons maintenant devant un bâtiment bicolore couleur brique et blanc. Sur sa gauche un porche arrondi jouxté par un palmier s'ouvrant en éventail mène vers une rue dont je ne vois que la clarté à travers l'arc de la porte. La tour est surmontée par une terrasse et sur le devant , vers son sommet une horloge marque presque midi...
Les cloches égrènent
les douze coups de midi
Des pigeons s'envolent
- vois-tu Clairette, c'est la seule église du Maroc qui sonne midi tous les jours. Tu ne pouvais rater cela n'est-ce-pas ? Et maintenant rejoignons la voiture car on nous attend. Tu te reposeras dans l'après-midi, et après ta sieste je t'emmène au hammam.
Pincement au cœur
Honte du corps amaigri
De mes cicatrices.
Mais je ne veux décevoir mon hôtesse pour ce qu'elle pense être pour moi le summum du bien-être. J'explique quand même que j'ai encore du mal à me voir dénudée. Elle se met à rire et raconte avec un humour irrésistible tous les corps depuis les replets jusqu'aux maigrichons qui passent entre les mains de Mamadina...Cette femme a les mains les plus douées qu'il soit....et l'huile d'argan rendra ma peau lisse comme de la soie.
Laisser de côté
Peurs et tabous inutiles
Comment résister ?
Alors j'abandonne toutes mes angoisses et mes fausses pudeurs. Finalement ce corps a résisté et il a le droit maintenant de profiter de la douceur experte des mains de mamadina, afin que j'accepte de n'être pas cette chair aux multiples cicatrices, mais simplement un être qui a remporté une sacrée victoire et qui veut vivre et non survivre.
Dernière édition par TITEFEE le Ven 11 Nov 2011, 10:41, édité 1 fois
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Simplement une grande émotion !
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
Age : 73
Localisation : Pas là où je devrais être !
Date d'inscription : 11/04/2009
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
suite 4
La ville, qui à l'intérieur de ses remparts m’apparaissait de loin toute blanche, éclate de bleu. Portes et volets, couleur marine, rappellent l'océan qui entoure la grande cité et la fraîcheur des flots.
Bleu aigue-marine
Le ciel nu se faufile
Entre les maisons
J’ouvre mes mirettes pour m'imprégner de toutes les couleurs et senteurs de la rue que nous remontons. Marchands de jarres vernies, de babouches, de tapis, de parfums, d'épices et de fruits... Je me sens revenir « chez moi »...étrangement.
Porches reliant
des murs blanchis à la chaux
rendant l'ombre mauve
- voilà nous sommes presque arrivées, Clairette. La maison se trouve sur cette petite place. Tu trouveras à l'entrée des babouches pour toi, car nous n'entrons jamais dans nos maisons avec nos souliers. Tu verras ces babouches sont si confortables que tu auras du mal à les quitter...Celles-ci confectionnées en cuir sont faites à l'ancienne,... Pas comme celles que l'on trouve dans des échoppes et qui, lorsque tu les retourne, indiquent « made in china »
La Porte arrondie
Aux carreaux vernissés
Est bleue elle aussi
Deux enfants aux yeux noirs nous attendent, curieux, un franc sourire aux lèvres. La petite fille me tire par la jupe de sa petite main ornée de dessin au henné et j'écoute, sans comprendre, l'histoire qu'elle me raconte... Le garçonnet la rabroue, mais rien n'y fait... le babillage ne cesse pas. Jamila sourit avec plaisir et me traduit les mots d'esprit de sa petite sœur qui la regarde alors avec beaucoup de fierté.
Babouches aux pieds
Brodées d'or et d'argent
sont vite enfilées.
Un simple tenture laisse passer le jour, dans ce couloir menant à un patio.. j'entends le clapotis de l'eau coulant d'une fontaine, avant même de la voir. La famille maintenant est au grand complet et m'embrasse comme si nous nous étions déjà connus..
Chaleur de l'accueil
Odeur du thé à la menthe
verres cerclés d'or.
Derrière cette tenture de lin tissé, je découvre à présent une pièce carrée, ouverte sur un puits de lumière. Les pièces se distribuent derrière des arcades, où grimpent des plantes vertes. Petits bancs scellés contre les murs, poufs de cuir repoussé, tapis étouffant le bruit de nos pas, tout cela s'offre à ma vue émerveillée. Au centre une vasque de marbre, laisse glouglouter un filet d'eau, et cette ambiance apaisante me séduit vraiment. Jamila me prend par la main et me conduit dans une pièce où un rideau de gaze jaune, flotte mollement dans l'air entrant par la fenêtre
Te voilà chez toi
Ta chambre est côté jardin
Les oiseaux y chantent
La ville, qui à l'intérieur de ses remparts m’apparaissait de loin toute blanche, éclate de bleu. Portes et volets, couleur marine, rappellent l'océan qui entoure la grande cité et la fraîcheur des flots.
Bleu aigue-marine
Le ciel nu se faufile
Entre les maisons
J’ouvre mes mirettes pour m'imprégner de toutes les couleurs et senteurs de la rue que nous remontons. Marchands de jarres vernies, de babouches, de tapis, de parfums, d'épices et de fruits... Je me sens revenir « chez moi »...étrangement.
Porches reliant
des murs blanchis à la chaux
rendant l'ombre mauve
- voilà nous sommes presque arrivées, Clairette. La maison se trouve sur cette petite place. Tu trouveras à l'entrée des babouches pour toi, car nous n'entrons jamais dans nos maisons avec nos souliers. Tu verras ces babouches sont si confortables que tu auras du mal à les quitter...Celles-ci confectionnées en cuir sont faites à l'ancienne,... Pas comme celles que l'on trouve dans des échoppes et qui, lorsque tu les retourne, indiquent « made in china »
La Porte arrondie
Aux carreaux vernissés
Est bleue elle aussi
Deux enfants aux yeux noirs nous attendent, curieux, un franc sourire aux lèvres. La petite fille me tire par la jupe de sa petite main ornée de dessin au henné et j'écoute, sans comprendre, l'histoire qu'elle me raconte... Le garçonnet la rabroue, mais rien n'y fait... le babillage ne cesse pas. Jamila sourit avec plaisir et me traduit les mots d'esprit de sa petite sœur qui la regarde alors avec beaucoup de fierté.
Babouches aux pieds
Brodées d'or et d'argent
sont vite enfilées.
Un simple tenture laisse passer le jour, dans ce couloir menant à un patio.. j'entends le clapotis de l'eau coulant d'une fontaine, avant même de la voir. La famille maintenant est au grand complet et m'embrasse comme si nous nous étions déjà connus..
Chaleur de l'accueil
Odeur du thé à la menthe
verres cerclés d'or.
Derrière cette tenture de lin tissé, je découvre à présent une pièce carrée, ouverte sur un puits de lumière. Les pièces se distribuent derrière des arcades, où grimpent des plantes vertes. Petits bancs scellés contre les murs, poufs de cuir repoussé, tapis étouffant le bruit de nos pas, tout cela s'offre à ma vue émerveillée. Au centre une vasque de marbre, laisse glouglouter un filet d'eau, et cette ambiance apaisante me séduit vraiment. Jamila me prend par la main et me conduit dans une pièce où un rideau de gaze jaune, flotte mollement dans l'air entrant par la fenêtre
Te voilà chez toi
Ta chambre est côté jardin
Les oiseaux y chantent
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
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Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
J'aime beaucoup la photo sous le porche et j'ai repéré aussi l'étal avec ses bons produits...
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
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Localisation : Pas là où je devrais être !
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Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Sur mon lit, Jamila dépose un cafetan de soie rouge ponceau et m'indique la salle d'eau, attenante à la chambre.
- « Tu vas pouvoir prendre ta douche et te mettre à l'aise et, si tu n'es pas trop fatiguée, nous irons au hammam, ce qui te délassera encore mieux, tu verras. »
Puis elle referme doucement la porte sur elle, me laissant seule dans cette chambre dont la couleur ambrée est apaisante.
Le jour insinue
A travers le fer forgé
Noires arabesques.
Mes vêtements à terre, je me glisse sous le jet de cette eau tiède qui rigole sur ma chair. Un peignoir de bain, accroché à la patère, accueille mon corps humide et je vais m'asseoir dans le fauteuil en rotin qui trône dans un coin. Je suis comme étourdie et, sans m'en rendre compte, je m'assoupis, en ayant l'impression étrange d'être là et pas là à la fois.
Des bruits assourdis
Et l'écho de voix lointaines
Parviennent à moi.
La fraîcheur d'une main posée doucement sur mon bras m'oblige à ouvrir les yeux. Le ciel est devenu mauve à travers la fenêtre. Le soir descend lentement, et n'ai aucune notion du temps passé à dormir.
J'ai froid à présent
Un léger écœurement
La fatigue est là.
Jamila me sourit et touche mon front.
Sa fraîcheur la rassure.
- « Je pense Clairette que pour aujourd'hui nous allons nous contenter de manger tôt et faire une petite balade sur le port.
Demain je t'emmènerai si tu le veux voir les parfums, les bijoux dans le souk Jdid »
Dépaysement
D'un pays dont j'ai gardé
L'image improbable
L'impression de déjà vu, se télescopant avec des sensations bizzares, me laissent en attente d'un phénomène mystérieux, tel que je l'ai éprouvé déjà lors de ma maladie. En ce temps-là j'avais découvert le même flottement dans un espacement temps si vaste qu'il m'apparut soudain surdimentionné. Simplement, j'attends à présent que s'accomplisse ce phénomène de la scène qui va se dérouler dans quelques secondes.
Fatigue ou le stress
Ouvrent des portes étranges
Rencontres fortuites.
Je me souvenais de ce matin sur le port, où je revivais la scène imaginaire de retour des bateaux au port. Images de galions, aux voiles déchirées et de femmes attendant, fouettées par le vent, le retour de leur homme. Et là Je sais, oui je sais, que lorsque la porte s'ouvrira , m'apparaitra un visage que je reconnaîtrais. Je suis pourtant rationnelle et pense au fonctionnement complexe de mon cerveau, qui induit bien souvent à prendre des faux souvenirs pour des réalités présentes. Mais là, sans penser une seconde, ou en m'en défendant, qu'il puisse s'agir de surnaturel, c'était vraiment autre chose !
Sortant de sa bouche
Je sais ce qu'elle dira
Amina pour moi
Une vieille femme apparaît dans l'embrasure de la porte. Son visage de vieil ivoire poli, et ses yeux cerclés de khohl me font penser à un semblable regard intense, brillant au fond d' orbites bistres. Je suis subjuguée et dans l'attente de la phrase que j'avais entendue l'instant auparavant.
- « te voici ici chez toi »,
mais c'est lorsqu'elle ajouta - « ma petite Kanel »- Ce prénom que me donnait lorsque j'étais petite fille ma grand-mère Joséphine, que je sentis un trouble m'envahir.
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
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Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Merci pour cette page de lecture pour bien commencer ma soirée !
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
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Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
La vieille femme sourit et dans un français presque sans accent me dit
Pour celui qui sait
le temps est ruban de MoÎebus
l'envers vaut l'endroit.
Une image s'imposa à ma mémoire, celle de l'immense chêne sous lequel nous nous asseyions, après nos balades dans les sentes escarpées menant à la source de la « chasse » , ce torrent qui passait au bas de Villars-Colmar, dans les basses Alpes. Tous les étés, nous vivions en sauvageonnes, Joséphine et moi et courions bois et près en pente pour cueillir les simples, au moment propice de leur récolte.
pompon duveteux
d'un topaze acidulé
Au cœur de la fleur.
Bourrache d'un bleu si profond que le ciel en pâlissait, avec son bec noir protégeant ses pétales, gentiane aux feuilles nervurées, s'accrochant deux par deux autour d'une tige supportant des bouquets de fleurs jaunes, dressées en picots et l'aérien anis vert-dont Joséphine faisait des bouquets séchés- prenaient place dans le grand panier d'osier plat. Grand-mère en avait toute une collection qu'elle suspendait dans le grenier, afin que les plantes finissent de sécher dans le courant d'air, traversant sa pièce aux trésors..
Dieu nous a pourvu
De l'essentiel savoir
des arbres et plantes.
C'est sous ce chêne, aux branches tortueuses et aux racines apparentes, ressemblant aux veines gonflées des mains de Joséphine, que j'ai commencé à apprendre...avec la curiosité qui agite tous les enfants à cet âge.
Les yeux des enfants
Sont des fenêtres ouvertes
Où passe le monde .
Le décor pendant un instant n'exista plus pour moi car, dans le regard de jais de la vieille dame, je voyais mémé Fine le jour où, avec ses ciseaux pendant toujours par une ficelle à sa taille, elle découpa une feuille de papier collée et vrillée et me montra que, sans quitter le papier, son bout de crayon machouillé, faisait le tour par les deux faces... c'était cela m'avait-elle dit « le ruban de Moebius ». Elle m'expliqua que l'existence était la même, nous côtoyons toujours les âmes de ceux qui sont partis, même si nous ne les voyons pas.
Bandes imbriquées
Découpées à chaque fois
formaient des cercles
D'abord en cerceaux, pris l'un dans l'autre, pour finir par un bien plus grand... Comme l'amour me disait Grand-mère, l'amour qui s'agrandit à chaque instant et qui englobe la terre entière.
Révélation
De ce mystère ancestral
Perdu dans le temps.
Jamila sur nos talons, je suivis sa grand-mère, pour atteindre le patio, embaumant le jasmin et dont les murs éclataient de cette couleur fushia des bougainvillées en grappes serrées. Dans un four rudimentaire, un feu se consumait entre quatre pierres noircies, supportant une grille charbonneuse. Une bouilloire au ventre rebondi et à la anse gracieuse chantonnait. Des senteurs d'autrefois venaient chatouiller mes narines. L' odeur poivrée de menthe sauvage me ramenait aux bords de la rivière où nous faisions la lessive, grand-mère et moi, les jours brûlants d'été. Nous mâchouillions cette herbe qui laissait un goût prononcé dans nos bouches. Et, le soir venu, nous revenions par le petit sentier, avec ce linge blanc ayant séché sur le pré et gardant entre ses plis, l'odeur des plantes.
Pour celui qui sait
le temps est ruban de MoÎebus
l'envers vaut l'endroit.
Une image s'imposa à ma mémoire, celle de l'immense chêne sous lequel nous nous asseyions, après nos balades dans les sentes escarpées menant à la source de la « chasse » , ce torrent qui passait au bas de Villars-Colmar, dans les basses Alpes. Tous les étés, nous vivions en sauvageonnes, Joséphine et moi et courions bois et près en pente pour cueillir les simples, au moment propice de leur récolte.
pompon duveteux
d'un topaze acidulé
Au cœur de la fleur.
Bourrache d'un bleu si profond que le ciel en pâlissait, avec son bec noir protégeant ses pétales, gentiane aux feuilles nervurées, s'accrochant deux par deux autour d'une tige supportant des bouquets de fleurs jaunes, dressées en picots et l'aérien anis vert-dont Joséphine faisait des bouquets séchés- prenaient place dans le grand panier d'osier plat. Grand-mère en avait toute une collection qu'elle suspendait dans le grenier, afin que les plantes finissent de sécher dans le courant d'air, traversant sa pièce aux trésors..
Dieu nous a pourvu
De l'essentiel savoir
des arbres et plantes.
C'est sous ce chêne, aux branches tortueuses et aux racines apparentes, ressemblant aux veines gonflées des mains de Joséphine, que j'ai commencé à apprendre...avec la curiosité qui agite tous les enfants à cet âge.
Les yeux des enfants
Sont des fenêtres ouvertes
Où passe le monde .
Le décor pendant un instant n'exista plus pour moi car, dans le regard de jais de la vieille dame, je voyais mémé Fine le jour où, avec ses ciseaux pendant toujours par une ficelle à sa taille, elle découpa une feuille de papier collée et vrillée et me montra que, sans quitter le papier, son bout de crayon machouillé, faisait le tour par les deux faces... c'était cela m'avait-elle dit « le ruban de Moebius ». Elle m'expliqua que l'existence était la même, nous côtoyons toujours les âmes de ceux qui sont partis, même si nous ne les voyons pas.
Bandes imbriquées
Découpées à chaque fois
formaient des cercles
D'abord en cerceaux, pris l'un dans l'autre, pour finir par un bien plus grand... Comme l'amour me disait Grand-mère, l'amour qui s'agrandit à chaque instant et qui englobe la terre entière.
Révélation
De ce mystère ancestral
Perdu dans le temps.
Jamila sur nos talons, je suivis sa grand-mère, pour atteindre le patio, embaumant le jasmin et dont les murs éclataient de cette couleur fushia des bougainvillées en grappes serrées. Dans un four rudimentaire, un feu se consumait entre quatre pierres noircies, supportant une grille charbonneuse. Une bouilloire au ventre rebondi et à la anse gracieuse chantonnait. Des senteurs d'autrefois venaient chatouiller mes narines. L' odeur poivrée de menthe sauvage me ramenait aux bords de la rivière où nous faisions la lessive, grand-mère et moi, les jours brûlants d'été. Nous mâchouillions cette herbe qui laissait un goût prononcé dans nos bouches. Et, le soir venu, nous revenions par le petit sentier, avec ce linge blanc ayant séché sur le pré et gardant entre ses plis, l'odeur des plantes.
Dernière édition par TITEFEE le Jeu 17 Nov 2011, 13:33, édité 1 fois
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Douce époque, tout comme cet écrit plein de tendresse !
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
Age : 73
Localisation : Pas là où je devrais être !
Date d'inscription : 11/04/2009
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Au-dessus de nos têtes, dans le patio, l'oeil à ciel ouvert sur le ciel, des étoiles brillaient et les couleurs peu à peu prenaient une teinte bleutée. Nous étions assises sur des poufs posés sur des tapis, avec au milieu de nous sur un grand plateau de cuivre, la bouilloire et les verres. Zara, était le prénom de la grand-mère de Jamila. Elle me l'avait appris en mettant une main sur son cœur et en la dirigeant vers le mien.... Zara, Kanel, Kanel, Zara.. sa main en faisant ce geste de va et vient entre son cœur et le mien m'a émue car en cet instant je me suis sentie accueillie comme l'une des siens.
Je regarde avec curiosité les gestes de Zara préparant le thé vert. La bouilloire est peu remplie d'eau, dans laquelle elle a introduit le thé, qui est arrosé alors de la même quantité d'eau pour le recouvrir avec les tiges de menthe et leurs feuilles. Zara y ajoute le sucre qui va fondre lentement sur le feuillage et en attendant que la boisson bout lentement et infuse, nous discutons.. Oh plutôt nous écoutons la vieille femme nous raconter sa jeunesse dans le sud Berbère.
L'enfance ne meurt
Qu'au moment précis où l'âme
Retourne vers elle.
Zara a le don de conter. Sa voix douce prend parfois des inflexions de petite fille un peu haut perché et reprend, peu après, des accents de gravité d'une voix plus basse. Elle nous fascine tant, pendant qu'elle nous emmène dans son récit, qu'aimantées, nous ne pouvons quitter son regard enchâssés dans ses orbites sombres.
Images offertes
captation du récit
Qui devient le nôtre
Je suis la petite fille qu'elle a été, courant dans ce paysage ocre derrière un troupeau de chèvres et de maigres vaches. Tout en nous racontant son djebel elle dessine dans l'air des paysages lunaires. J'imagine des pics, des canyons profonds, surmontés de pitons acérés ou de montagnes de roches noires sculptées par le vent et le sable.
Chaos, éboulis
Maisons, bouquets de palmiers
Nature sauvage
J'entends parler pour la première fois du djebel saghro et Zara me l'offre d'une manière éblouissante... elle sait ponctuer son récit de silence afin que les images s'insinuent dans notre esprit...pour y rester durablement. Puis elle reprend d'abord à voix basse afin que nous prêtions encore mieux l'oreille, et sa voix peu à peu prend de l'ampleur. Elle se fait tragédienne pour nous raconter ses peurs, et ses chagrins, lors de deuils non encore effacés dans son esprit.. Elle vit avec ces ombres et leur parle.
folie n'est pas
Chez l'autre que tu regardes
Car l'autre existe.
Ce talent de conteuse c'est mémé Joséphine qui revit en elle dans cette même captation magnétique du regard et ces inflexions de voix qui modulent les mots, en les roulant dans la tendresse ou dans le dramatique... J'aime Zara, et son double, qui est passé de l'autre côté du miroir lorsque je n'avais que onze ans, et je comprends vraiment qu'elle vivra tant que je vivrai et la porterais en moi.
La vieille dame s'interrompt pour verser une première fois le thé dans les verres. Puis elle jette à nouveau le liquide brûlant dans la bouilloire et le reverse lentement une troisième fois en rehaussant très haut la théière le liquide ambré sur de la menthe fraiche.
« Le premier verre est fort comme l’amour, le second verre est amer comme la vie, et le troisième doux comme la mort." dit-elle comme une litanie, en fermant les yeux.
Savourons l'instant
Fugace bonheur présent
Car le temps l' efface
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Le djebel Saghro est un massif volcanique fait de roches tourmentées, de piton rocheux, de conglomérats basaltiques. Ce massif, continuité du Djebel Siroua, sépare la vallée du Draa de la vallée du Dades. Son point culminant est le KOUAOUCH 2600 mètres. Les paysages sont quasi lunaires, il s'agit d'un univers très minéral, brut, entrecoupé parfois d'étroites vallées profondes et encaissée. Ici et là vous pourrez rencontrer les nomades Aît Atta qui descendent du M'goun à la saison froide pour y faire pâturer leurs troupeaux de chèvres et dromadaires.
Cela va bien avec tes dessins et ton récit !
Cela va bien avec tes dessins et ton récit !
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
Age : 73
Localisation : Pas là où je devrais être !
Date d'inscription : 11/04/2009
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
C'est tout cela le mystère en plus...le dessin que j'ai fait le représente bien...on dirait le Colorado avec ses canyons et ses rochers taillés, ou rayés par les sables du désert..
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
Zara raconte, raconte, infatigable. Lorsqu'elle s'interrompt c'est Jamila qui la met sur la voie d'une histoire qu'elle aime et qu'elle a du entendre, sans se lasser, des centaines de fois.
La nuit est bien avancée déjà. La maman de Jamila apporte dans un lourd tajine posé sur une planche, un poulet aux pruneaux et amande dont j'avais senti le fumet en traversant le patio. La table ronde, en cuivre travaillé est vite dressée. De gros plats en terre vernissée, aux couleurs chaudes, recèlent les ingrédients de ce premier repas, pris en famille.
Halima, la maman de Jamila, nous présente à tour de rôle un récipient qui va recueillir l'eau de rinçage des mains. Elle verse dans mes paumes une eau parfumée au jasmin, qui tombe en un mince filet d'une jolie aiguière argentée, puis me tend un carré de coton dont je m'essuie les mains.
Et lorsque tout le monde a fini cette ablution, Zara prononce d'une voix imprégnée de déférence le « bismillah » la louange à Dieu.
Hospitalité
Du donner et recevoir
Atavique don.
Le repas peut commencer et l'animation se fait plus intense quand Halima découvre les plats recouverts de leur couvercle...Carottes glacées au citron, le tajine de poulet, sa semoule et une salade de fruits au miel.
J'observe la dextérité avec laquelle toute la famille sait se servir de trois doigts de la main droite pour rouler en boule une poignée de semoule. J'essaie mais ne suis pas très adroite. Je refuse quand même la fourchette car je veux absolument arriver à faire comme eux. Finalement c'est avec un morceau de pain que je pousse la nourriture avant de la porter à ma bouche.
Parfums épicés
Douceur de miel et d'amande
Beauté de l'accueil
Je suis comme étourdie par un vin marocain servi dans un pichet ventru et dont la fraîcheur a masqué le degré...Heureuse soirée où s'envolent mes appréhensions. Je fais partie des leurs, et je me sens si bien !
La nuit indigo
Enveloppe les terrasses
D'un voile bleuté
Je tombe de fatigue. Jamila me conduit à ma chambre et me laisse seule, en refermant doucement la porte derrière elle. Dernière douche fraiche et mon corps se glisse dans des draps parfumés. Mes paupières fermées, je ne tarde pas à m'endormir.
Route d'or poudrée
Par un soleil triomphant
Le jour s'est levé
Je me trouve sur un haut plateau de couleur safran et je regarde le profond canyon encore empli d'ombres mauves. Zara me regarde de ses yeux charbonneux et d'un doigt à l'ongle démesurément long, griffe un rocher tendre pour y inscrire une phrase :
Plus loin que tu ailles devant toi, c'est toi même que tu rejoindras.
Images fugitives se télescopant, je me vois courant à travers un désert d'un blanc éblouissant, où mes pas ne s'impriment pas. Je veux absolument arriver au sommet d'une montagne aux flancs sculptés de grottes sombres, et lorsque j'arrive enfin....... les bruits de la vie me parviennent ainsi que la bonne odeur du pain. Je ne sais plus où je suis pendant un court instant puis mes rêves s'estompent. Je sens arriver maintenant les énergies de l'éveil qui me poussent hors du lit...
J'entends à présent
Un frottis discret de pas,
On toque à ma porte.
La vie reprend ses droits dans la maison qui bourdonne maintenant de bruits ténus. La petite sœur de Jamila vient se jeter dans mes bras et m'offre un dessin en observant du coin de l’œil, mon plaisir...
Couronnant mon crâne
Mes cheveux frisés s'hérissent
C'est là mon portrait !
Yasmina écrit en écriture bâton encore maladroite et tire la langue tant ce travail l'absorbe, mais je reconnais bien « Clairette » et en dessous elle termine par ce qui doit être sans doute sa signature en arabe.
Je la soulève jusqu'à moi et je l'embrasse.. Sa peau sent la mandarine et ses doigts aussi... elle me tend un de ces fruits qu'elle avait dissimulé dans une de ses poches et s'enfuit en courant car sa mère l'appelle.
Scintillante étoile
Dans le noir miroir des yeux
Regard de l'enfance
L'on m'attendait sans doute depuis un moment car la table du déjeuner est servie... zara a confectionné des crêpes et je sens la bonne odeur du café. Je retourne à ma chambre vivement et reviens les bras chargés des cadeaux ramenés de France. Déballages, embrassades. L'on s'extasie devant les foulards, et Jamila et sa maman devant les parfums « de Paris » Pour les enfants des tee-shirts avec leur prénom. Je n'ai pu emmener que cela dans mes bagages et m'en excuse.
Voilà deux jours déjà que je suis dans cette famille et j'ai l'impression d'y avoir toujours vécu. La fatigue m'a cueillie dès l'arrivée et nous ne sommes pas encore ressorties, Jamila et moi. Mais aujourd'hui me sentant pousser des ailes je propose d'aller voir le souk de dijd pour y faire quelques emplettes. Jamila me suggère d'aller ensuite nous délasser au hammam.
Il va faire chaud
Peut-être même du vent
La rue est bondée.
La nuit est bien avancée déjà. La maman de Jamila apporte dans un lourd tajine posé sur une planche, un poulet aux pruneaux et amande dont j'avais senti le fumet en traversant le patio. La table ronde, en cuivre travaillé est vite dressée. De gros plats en terre vernissée, aux couleurs chaudes, recèlent les ingrédients de ce premier repas, pris en famille.
Halima, la maman de Jamila, nous présente à tour de rôle un récipient qui va recueillir l'eau de rinçage des mains. Elle verse dans mes paumes une eau parfumée au jasmin, qui tombe en un mince filet d'une jolie aiguière argentée, puis me tend un carré de coton dont je m'essuie les mains.
Et lorsque tout le monde a fini cette ablution, Zara prononce d'une voix imprégnée de déférence le « bismillah » la louange à Dieu.
Hospitalité
Du donner et recevoir
Atavique don.
Le repas peut commencer et l'animation se fait plus intense quand Halima découvre les plats recouverts de leur couvercle...Carottes glacées au citron, le tajine de poulet, sa semoule et une salade de fruits au miel.
J'observe la dextérité avec laquelle toute la famille sait se servir de trois doigts de la main droite pour rouler en boule une poignée de semoule. J'essaie mais ne suis pas très adroite. Je refuse quand même la fourchette car je veux absolument arriver à faire comme eux. Finalement c'est avec un morceau de pain que je pousse la nourriture avant de la porter à ma bouche.
Parfums épicés
Douceur de miel et d'amande
Beauté de l'accueil
Je suis comme étourdie par un vin marocain servi dans un pichet ventru et dont la fraîcheur a masqué le degré...Heureuse soirée où s'envolent mes appréhensions. Je fais partie des leurs, et je me sens si bien !
La nuit indigo
Enveloppe les terrasses
D'un voile bleuté
Je tombe de fatigue. Jamila me conduit à ma chambre et me laisse seule, en refermant doucement la porte derrière elle. Dernière douche fraiche et mon corps se glisse dans des draps parfumés. Mes paupières fermées, je ne tarde pas à m'endormir.
Route d'or poudrée
Par un soleil triomphant
Le jour s'est levé
Je me trouve sur un haut plateau de couleur safran et je regarde le profond canyon encore empli d'ombres mauves. Zara me regarde de ses yeux charbonneux et d'un doigt à l'ongle démesurément long, griffe un rocher tendre pour y inscrire une phrase :
Plus loin que tu ailles devant toi, c'est toi même que tu rejoindras.
Images fugitives se télescopant, je me vois courant à travers un désert d'un blanc éblouissant, où mes pas ne s'impriment pas. Je veux absolument arriver au sommet d'une montagne aux flancs sculptés de grottes sombres, et lorsque j'arrive enfin....... les bruits de la vie me parviennent ainsi que la bonne odeur du pain. Je ne sais plus où je suis pendant un court instant puis mes rêves s'estompent. Je sens arriver maintenant les énergies de l'éveil qui me poussent hors du lit...
J'entends à présent
Un frottis discret de pas,
On toque à ma porte.
La vie reprend ses droits dans la maison qui bourdonne maintenant de bruits ténus. La petite sœur de Jamila vient se jeter dans mes bras et m'offre un dessin en observant du coin de l’œil, mon plaisir...
Couronnant mon crâne
Mes cheveux frisés s'hérissent
C'est là mon portrait !
Yasmina écrit en écriture bâton encore maladroite et tire la langue tant ce travail l'absorbe, mais je reconnais bien « Clairette » et en dessous elle termine par ce qui doit être sans doute sa signature en arabe.
Je la soulève jusqu'à moi et je l'embrasse.. Sa peau sent la mandarine et ses doigts aussi... elle me tend un de ces fruits qu'elle avait dissimulé dans une de ses poches et s'enfuit en courant car sa mère l'appelle.
Scintillante étoile
Dans le noir miroir des yeux
Regard de l'enfance
L'on m'attendait sans doute depuis un moment car la table du déjeuner est servie... zara a confectionné des crêpes et je sens la bonne odeur du café. Je retourne à ma chambre vivement et reviens les bras chargés des cadeaux ramenés de France. Déballages, embrassades. L'on s'extasie devant les foulards, et Jamila et sa maman devant les parfums « de Paris » Pour les enfants des tee-shirts avec leur prénom. Je n'ai pu emmener que cela dans mes bagages et m'en excuse.
Voilà deux jours déjà que je suis dans cette famille et j'ai l'impression d'y avoir toujours vécu. La fatigue m'a cueillie dès l'arrivée et nous ne sommes pas encore ressorties, Jamila et moi. Mais aujourd'hui me sentant pousser des ailes je propose d'aller voir le souk de dijd pour y faire quelques emplettes. Jamila me suggère d'aller ensuite nous délasser au hammam.
Il va faire chaud
Peut-être même du vent
La rue est bondée.
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
On se sent transporté par ton si beau voyage,
Car tu nous narre si bien ces si beaux paysages
On en hume les odeurs que tu nous fait sentir
Et nos têtes pleines de rêve se mettent à fort frémir
:clind,i: :clind,i:
Car tu nous narre si bien ces si beaux paysages
On en hume les odeurs que tu nous fait sentir
Et nos têtes pleines de rêve se mettent à fort frémir
:clind,i: :clind,i:
le bienheureux- Nombre de messages : 89
Age : 61
Localisation : Des plaines du Vexin
Date d'inscription : 20/11/2011
Re: Jamila ma soeur d'ailleurs ( Haïbun )
le vin n'était-ce point un boulaouane gris ? ( vin rosé marocain ) Voilà que cela me donne envie !!
delcau roinos- Nombre de messages : 7834
Age : 73
Localisation : Pas là où je devrais être !
Date d'inscription : 11/04/2009
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