flash back
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flash back
Le silence siffle dans mes oreilles comme mille grillons les soirs d'été. Je marche clopint-clopant, serrant les dents et maudis cette jambe qui me fait si mal....D’un seul coup l'idée de la déchéance, triste constat de la vieillesse, me saute à l'esprit. Nous avons pour cela le souvenir de cette lente descente vers la dépendance de nos parents et inutile de se leurrer, nos forces diminuent insidieusement.
Il y a moins d'un mois, j'ai accueilli mes soixante-treize ans comme une surprise.... déjà !! et pourtant ce jour-là je me sentais des ailes. Mai accrochait des feuilles nouvelles aux branches des arbres et surtout il ne pleuvait pas! Ce printemps n'avait pas tenu sa promesse car la pluie s'invitait tous les jours et noyait la ville sous un rideau gris. Mais ce matin de mai, le ciel avait la couleur rose des joues enfantines.
Le jour se levait
Odeur de café moulu
Fragrance d'enfance
Un bruit léger arrivait de la cuisine, puis des pas frottaient précautionneusement le parque, et je savais qu'allait arriver dans la chambre un gentil farfadet, portant son plateau, comme le dévot apporte des offrandes
Bonjour ma colombe
Es tu bien réveillée ?
Les oiseaux gazouillent.
Ce lit, est comme un nid et nous sommes deux oiseaux attendant la becquée :tartines grillées et beurrées , confiture maison de mûres et de framboises; que juin nous redonnera encore, sont sur le plateau avec nos bols de café au lait... Mais,.. une rose dans un solitaire, un parchemin noué d'un ruban rose et une petite boire de velours noir font partie de la fête.
Bon anniversaire ma Clarinette !
En ces moments-là j'ai à nouveau vingt ans.
Vingt ans . La ville de Bordeaux, ses quais des quinconces, la Rue Sainte Catherine, les vitrines des magasins des Dames de France, où entrer était facile? mais acheter était quasi impossible ! La mince paye d'un petit sergent de l'aviation servait juste à boucler le mois sans accorder de fioritures.Nous nous contentions de lécher les vitrines et, à la fin de la balade, de nous payer un café crème... ah ce café crème que je faisais durer... durer...durer....au point que la moitié de la tasse était quasiment froide . Mais quel bonheur !
Vieilles images
Pâles sourires figés
Oublis de mémoire
Et pourtant je me souviens.C'était un mardi, le temps était à l'orage- Bordeaux est une ville où la pluie s'invite souvent- Mon jeune mari était en permission après être revenu d'une opération, et j'ai passé souvent des jours et des jours de solitude et de silence ! Lui était ailleurs et ne disait mot. Je parlais, je parlais, je meublais ce mutisme, car heureuse j'étais.... enfin je le croyais !
La deuxième permission de l'année fut pour la fête du 14 juillet. Je m'en souviens comme si c'était hier... Guêtres et gants blancs, tenue beige impeccablement repassée, casquette blanche, la tenue de gala quoi; pour le défilé de la victoire, tout était bien arrangé sur le lit. Mon époux s'habillait, toujours aussi silencieux, en inspectant la tenue dans tous ses détails..
Mais pas un bouton de guêtres ne manquait à l'appel
Nous habitions La barrière Judaïque, pas très loin du parc bordelais, où j'aimais tous les après-midi aller lire sur un banc, à l'ombre des arbres, le livre emprunté à la bibliothèque. J'ai dévoré en ce temps-là les plus grands auteurs, en relevant sur un cahier les phrases qui m'interpellaient... je vivais tous leurs rêves et me sentais orpheline lorsqu'à la dernière page je refermais le livre.
Les allées profondes
aux grands arbres cathédrales
étaient émeraude
Flach back, des instantanés de vie où je ne vivais que par intermittence, car j'étais souvent seule loin de mon pays natal, la côte d'azur, et de mes parents et mes sœurs, qui n'engendraient jamais la mélancolie... Le destin m'avait très tôt fait prendre la décision de vouloir être « une grande », avec cette liberté que toutes les filles de ma génération voulaient intensément....Quelle déception ! On ne devrait jamais se marier à 18 ans, sans avoir réalisé ses rêves !
Il y a moins d'un mois, j'ai accueilli mes soixante-treize ans comme une surprise.... déjà !! et pourtant ce jour-là je me sentais des ailes. Mai accrochait des feuilles nouvelles aux branches des arbres et surtout il ne pleuvait pas! Ce printemps n'avait pas tenu sa promesse car la pluie s'invitait tous les jours et noyait la ville sous un rideau gris. Mais ce matin de mai, le ciel avait la couleur rose des joues enfantines.
Le jour se levait
Odeur de café moulu
Fragrance d'enfance
Un bruit léger arrivait de la cuisine, puis des pas frottaient précautionneusement le parque, et je savais qu'allait arriver dans la chambre un gentil farfadet, portant son plateau, comme le dévot apporte des offrandes
Bonjour ma colombe
Es tu bien réveillée ?
Les oiseaux gazouillent.
Ce lit, est comme un nid et nous sommes deux oiseaux attendant la becquée :tartines grillées et beurrées , confiture maison de mûres et de framboises; que juin nous redonnera encore, sont sur le plateau avec nos bols de café au lait... Mais,.. une rose dans un solitaire, un parchemin noué d'un ruban rose et une petite boire de velours noir font partie de la fête.
Bon anniversaire ma Clarinette !
En ces moments-là j'ai à nouveau vingt ans.
Vingt ans . La ville de Bordeaux, ses quais des quinconces, la Rue Sainte Catherine, les vitrines des magasins des Dames de France, où entrer était facile? mais acheter était quasi impossible ! La mince paye d'un petit sergent de l'aviation servait juste à boucler le mois sans accorder de fioritures.Nous nous contentions de lécher les vitrines et, à la fin de la balade, de nous payer un café crème... ah ce café crème que je faisais durer... durer...durer....au point que la moitié de la tasse était quasiment froide . Mais quel bonheur !
Vieilles images
Pâles sourires figés
Oublis de mémoire
Et pourtant je me souviens.C'était un mardi, le temps était à l'orage- Bordeaux est une ville où la pluie s'invite souvent- Mon jeune mari était en permission après être revenu d'une opération, et j'ai passé souvent des jours et des jours de solitude et de silence ! Lui était ailleurs et ne disait mot. Je parlais, je parlais, je meublais ce mutisme, car heureuse j'étais.... enfin je le croyais !
La deuxième permission de l'année fut pour la fête du 14 juillet. Je m'en souviens comme si c'était hier... Guêtres et gants blancs, tenue beige impeccablement repassée, casquette blanche, la tenue de gala quoi; pour le défilé de la victoire, tout était bien arrangé sur le lit. Mon époux s'habillait, toujours aussi silencieux, en inspectant la tenue dans tous ses détails..
Mais pas un bouton de guêtres ne manquait à l'appel
Nous habitions La barrière Judaïque, pas très loin du parc bordelais, où j'aimais tous les après-midi aller lire sur un banc, à l'ombre des arbres, le livre emprunté à la bibliothèque. J'ai dévoré en ce temps-là les plus grands auteurs, en relevant sur un cahier les phrases qui m'interpellaient... je vivais tous leurs rêves et me sentais orpheline lorsqu'à la dernière page je refermais le livre.
Les allées profondes
aux grands arbres cathédrales
étaient émeraude
Flach back, des instantanés de vie où je ne vivais que par intermittence, car j'étais souvent seule loin de mon pays natal, la côte d'azur, et de mes parents et mes sœurs, qui n'engendraient jamais la mélancolie... Le destin m'avait très tôt fait prendre la décision de vouloir être « une grande », avec cette liberté que toutes les filles de ma génération voulaient intensément....Quelle déception ! On ne devrait jamais se marier à 18 ans, sans avoir réalisé ses rêves !
TITEFEE- Nombre de messages : 1505
Localisation : ardèche et alsace
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: flash back
Titefée ton flash-back m'a fait revenir sur ma vie.
Même début à 20ans, j'ai suivi mon jumeau de mari à 900kms de Bordeaux,
près d'une base aérienne de Lorraine. Très dur hiver de 1961.
Je n'étais pas seule à arriver en pays inconnu, les rapatriés d'Algérie
étaient encore plus mal lotis que moi, quel souvenir !
Le climat continental, je ne connaissais pas, où était la douceur océanique ?
Mon chéri consigné sur la base, et moi seule dans cette ville très froide
à trouver un logement, un travail...Où les mots ne sont pas les mêmes..
Vocabulaire différent, accent différent, difficulté à se comprendre.
******J'envoyais à mes parents des lettres
pleines d'enthousiasme, je ne voulais pas laisser paraître
ma tristesse que je cachais aussi à mon chéri. Pas de téléphone ....
.. et au moment où nous pouvions nous retrouver, la faucheuse me l'a enlevé.
:ododo;: :bonenui: Titefée pour ce récit
Même début à 20ans, j'ai suivi mon jumeau de mari à 900kms de Bordeaux,
près d'une base aérienne de Lorraine. Très dur hiver de 1961.
Je n'étais pas seule à arriver en pays inconnu, les rapatriés d'Algérie
étaient encore plus mal lotis que moi, quel souvenir !
Le climat continental, je ne connaissais pas, où était la douceur océanique ?
Mon chéri consigné sur la base, et moi seule dans cette ville très froide
à trouver un logement, un travail...Où les mots ne sont pas les mêmes..
Vocabulaire différent, accent différent, difficulté à se comprendre.
******J'envoyais à mes parents des lettres
pleines d'enthousiasme, je ne voulais pas laisser paraître
ma tristesse que je cachais aussi à mon chéri. Pas de téléphone ....
.. et au moment où nous pouvions nous retrouver, la faucheuse me l'a enlevé.
:ododo;: :bonenui: Titefée pour ce récit
yo- Nombre de messages : 6849
Age : 83
Localisation : ailleurs
Date d'inscription : 28/09/2006
Re: flash back
comme il est intéressant de comparer nos vécus... j'vous ai lues avec intérêt et .... ... C'est pourquoi je me suis mariée à 22 ans et eu mon premier enfant pour mes 25 ans... j'ai donc, en principe, profité de ma jeunesse du mieux que j'ai pu... mais en conflit total avec tout le monde et la société en premier... :jaten:
Re: flash back
Intéressants ces flash backs qui me font retourner en arrière et revivre tant de choses ! Souvenirs tristes ou joyeux c'est toujours des moments empreints d'émotion !!
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