Le fantôme de Théodule

Le fantôme de Théodule


En vous contant cela,
vous serez incrédule
Et cependant je vous jure,
Qu'à l'instant
J'ai cru apercevoir le fantôme de Théodule,
Se dresser immense
Dans un grand drap blanc.

Pourtant
La nuit n'était pas funèbre,
La lampe était allumée depuis un moment,
La lune éclairait le mur,
Chassant les ténèbres,
Et rien ne pouvait attirer,
Ici,
Un revenant…

Théodule,
On le disait,
Hantait la maison
Les nuits où régnait la lune roussâtre,
Mais je possédais une raison
Si opiniâtre,
Que je n'avais jamais admis ces péroraisons.

Comment un homme,
Qui passait pour un bellâtre,
Avait il pu mettre un terme
Ainsi aux jours,
Peu de temps après leur mariage,
A la marâtre
Qu'il prétendait lui avoir joué
De bien vilains tours ?

Le jour où furent célébrées leurs noces,
Théodule ne put jamais
Accomplir le devoir conjugal,
Car, sa « soi-disant » mégère
Etait si rosse,
Qu'elle se moqua crûment
De son problème fatal.

Même auprès de ses nombreuses
Et belles maîtresses,
Qui n'avaient jamais eu à se plaindre
De ses prouesses,
Il disait ne pouvoir oublier
Ces paroles blessantes,
Si bien qu'il assassina sa femme,
Devenue gênante
Et il disparut
Nul ne le revit jamais.
On le crût même mort
Dévoré de remord

Théodule,
Pourquoi venez-vous me hanter ce soir ?
J'ai acheté votre maison,
Soit,
Mais vous savez que je n'ai rien à voir
Dans votre pauvre histoire !
Je vous en prie,
Allez, un bon geste,
Déguerpissez…

Le fantôme fit tomber
Sur le sol son voile blanc,
Et, médusée,
Je vis apparaître une vieille femme
Qui pleurait en appelant, son mari
Et piètre amant, Mais
qui avait aimé
si follement
son Théodule
qu'elle le cherchait partout
alors
Qu'ili était toujours vivant
Sans que ne brûle
En enfer son âme

Il avait séduit,
Pour son argent et ses biens,
L'épouse qu'il avait vite délaissée
Pour d'autres
Avec qui il dépensa tout,
Jusqu'à ce qu'il ne reste rien,
Et, parti loin,
Il réussit même à passer pour un bon apôtre
Alors qu'on le croyait mort
Depuis longtemps.