Souvenance

Avril tirait à sa fin et j’entendais giflant les volets
Des rigoles de pluie aussi fines que chevelure.
Depuis la veille je guettais le douloureux murmure
De ce ventre se crispant comme vague sur les galets

Mon premier enfant annonçait sa venue et mon cœur
S’affolait devant chaque fulgurance qui me transperçait.
La lampe rose orangé dispensait sur le lit et les oreillers
Un halo intime, pendant que mon front se perlait de sueur.

Le silence feutré de la chambre était un havre de quiétude
Pendant les brèves accalmies de mon abdomen gravide,
Et je n’avais qu’une seule hâte : sombrer dans un néant vide
Où la douleur s’éloignerait avec son cortège d’inquiétude.

Vous dire que j’avais peur, ah ça je ne m’en souviens plus !
Je ne me rappelle que de ce sommeil impérieux, irrépressible
Et cette pensée lancinante pour cette vie soumise au stimulus
Qui devait s’affoler devant cette violence incompréhensible.

Mon enfant, allait quitter son enveloppant et doux paradis
Et déboucher, tout nu, dans ce petit matin encore blafard,
Sous les lumières crues d’un scialytique pour entamer sa vie
Et je sentais qu' à chaque poussée je m'ouvrais comme un nénuphar