devinettes de Robert Morel..éditeur ...

Comme j'ai des libres de ce monsieur je vais vous dire qui il est ...

Qui est Robert Morel...

Robert Morel (1922-1990) a longtemps été pris pour un éditeur des plus excentriques. Notamment pour avoir publié des livres avec des vrais bouchons, des vraies ficelles, des vrais morceaux de miroir, des vrais trous ou encore avec de fausses éponges ou de fausses friandises. Quand ce n'était pas des livres triangulaires ou des petits livres tout ronds qu'on pouvait suspendre à un mobile ou à un lustre. En quoi il agaçait beaucoup de monde - certains de ses pairs qui criaient à l'hérésie éditoriale et des libraires, aux quatre coins de l'Hexagone, qui ne savaient jamais trop où placer ces drôles de livres-objets.
Cette époque est révolue et les ouvrages publiés par Robert Morel durant près de vingt-cinq ans, grosso modo de 1960 à 1985, sont aujourd'hui non seulement considérés avec le plus grand respect mais sont de surcroît fort collectionnés. De nombreux amateurs n'ont même plus qu'un seul but : les réunir tous, quel que soit leur contenu, quel que soit leur aspect, qu'il s'agisse de titres dus à des auteurs de renom ou à des inconnus, d'ouvrages tout à fait sérieux ou de livres-canulars. Et dans le lot, figurent les soixante-quatre volumes de la collection " Célébration ", tous conçus de la même manière mais chaque fois avec une présentation et une couleur différentes. Entre autres Célébration du lit de Claude Aveline, Célébration du hareng d'Alain Borne, Célébration du visage de Pierre Joly qui est un album de photographies de Georges Brassens, Célébration de la chouette de Loÿs Masson ou encore Célébration de la pomme de terre du merveilleux Jean Follain. Sans oublier Célébration du silence où, comme il convient, toutes les pages sont absolument blanches. Ni les quatre " Célébrations " accompagnées d'un disque 45 tours et réalisées avec la collaboration de Philips en 1968 : Célébration de Johnny Halliday, Célébration de Juliette Gréco, Célébration de la rose et Célébration des putains.
Lorsqu'il éditait des œuvres de fiction, Robert Morel cherchait tout autant l'originalité. On sait ainsi que les textes de sa collection romanesque ont la particularité de commencer sur le premier plat du livre et de finir sur le second. Mais le plus curieux des romans publiés par ses soins reste peut-être La Nuit aveuglante d'André de Richaud qui date de 1966. La couverture, ici, est ornée d'un masque à système dont les yeux peuvent être ouverts ou fermés à l'aide de deux cordons. Le volume contient en outre un fac-similé de l'auteur qui fait office de signet. Et il est devenu une pièce qu'on convoite, bien qu'il ait été tiré à cinq mille exemplaires. Il en va de même de La Cuisine paléolithique de Joseph Delteil, un livre dont le cartonnage de toile écrue est frappé d'un liseré rouge, à la façon d'un torchon, et auquel est attaché un anneau de cuivre afin de pouvoir le pendre à un crochet. En tirage de tête (deux cent vingt-deux exemplaires sur Arches) dans l'édition originale de 1964, il peut valoir 1500 francs.
" Je n'aime pas les habitudes. Elles sont toujours mauvaises ", écrivait Robert Morel en 1969. Qu'il l'ait souhaité ou non, le petit monde de la bibliophilie s'est désormais habitué à ses livres et il n'est pas prêt de s'en détourner.